L’épreuve du confinement est un révélateur des fragilités, des difficultés, des dysfonctionnements de notre société et de chacune de ses composantes. Elle peut aussi devenir un accélérateur des démarches vertueuses pour les faire progresser. Ces semaines hors normes permettent déjà de tirer quelques enseignements pour renforcer les dynamiques d’engagement face aux enjeux à venir. Pour ouvrir le débat, en voici quatre :
Développer l’offre d’engagement en diversifiant les modes d’engagement
L’envie d’agir et de s’engager dans des démarches collectives est en bonne santé dans notre société. Au cours de ces dix dernières années, toutes les études le démontrent et les associations le constatent, notamment du côté des jeunes. La crise sanitaire en fait une nouvelle démonstration. Mais, chez les personnes prêtes à s’engager, cette envie d’agir se manifeste par une diversité de plus en plus grande des motivations et des façons de s’impliquer, à laquelle toutes les associations ne sont pas prêtes. La demande d’engagement est forte, la réponse organisée n’est pas toujours à la hauteur. C’est du côté de la réponse que le monde associatif et les pouvoirs publics doivent s’investir, notamment en diversifiant les modes d’engagement et en proposant des modes de fonctionnement mieux adaptés aux modes de vie des bénévoles. Améliorer l’offre d’engagement associatif pourra alors permettre de développer l’envie d’agir et de s’engager. Depuis dix ans, le service civique nous en donne une illustration probante.
Développer l’intermédiation pour renforcer la capacité d’accueil des associations
L'intermédiation, c'est aider les associations et les personnes qui souhaitent s’engager à s'interroger mutuellement, à se rapprocher, à s’ajuster… dans une dynamique d’engagement réciproque. Au quotidien, et encore plus pendant la crise sanitaire, beaucoup d’associations reconnaissent leur difficulté à appréhender cette question pour développer leur pratique d’accueil et d’animation des bénévoles. L’un des enjeux est l’accompagnement des associations pour développer leur capacité d’engagement, à travers les pratiques de l’intermédiation que proposent plusieurs réseaux associatifs, comme France Bénévolat. Pouvoirs publics et associations doivent investir dans la fonction d’intermédiation pour développer la capacité à accueillir de nouveaux bénévoles et à développer l’engagement.
Favoriser l’intergénérationnel dans les pratiques associatives
La place des jeunes dans les associations est interrogée par celles-ci, pour répondre à l’envie d’agir des jeunes et pour organiser le renouvellement des acteurs. Au cours de cette crise sanitaire, les mesures spécifiques imposées au plus de 65 ans ont mis certaines associations dans une réelle difficulté de continuité. Spontanément des associations se disent qu’elles doivent penser leur rajeunissement. Mais dans une société qui doit renforcer la cohésion et les liens sociaux, il ne faut pas opposer les générations les unes aux autres. L’enjeu serait plutôt de développer les coopérations intergénérationnelles. Il s’agit notamment de promouvoir les pratiques du parrainage, du mentorat, de la co-responsabilité, de la transmission, du partage des compétences.
Renforcer et accompagner les coopérations territoriales
Les coopérations territoriales sont un facteur essentiel pour le développement des solidarités et de l’engagement. La crise sanitaire nous permet d’observer que les territoires les plus résilients sont ceux ayant de bonnes pratiques de coopérations territoriales qui mobilisent des associations. Ces coopérationssont d’autant plus efficaces qu’elles associent également les collectivités locales, l’administration territoriale, et d’autres acteurs du monde éducatif ou économique. Elles doivent également pouvoir composer et s’articuler avec les initiatives citoyennes spontanées et les solidarités de voisinage. Tout comme pour l’intermédiation, ces dynamiques de coopération nécessitent un accompagnement spécifique pour s’installer durablement dans les pratiques associatives. C’est une orientation que des têtes de réseaux associatives ont déjà commencé à développer, qu’il conviendrait de démultiplier, en lien avec les pouvoirs publics.
Pour aller plus loin, découvrez l’analyse de la commission inter associative de France Bénévolat.
Par la commission inter associative de France Bénévolat[1], le 2 juin 2020.
[1] La commission inter associative de France Bénévolat compte une trentaine d’associations à vocation nationale. Quinze d’entre elles ont contribué a élaboré « Ce bilan et ces enseignements sur l’engagement bénévole en temps de crise sanitaire » : Action contre la faim, APF France handicap, Aurore, Chemins d’espérance, la Croix-Rouge française, Emmaüs, la Fédération française des diabétiques, la Fondation Claude Pompidou, Habitat & Humanisme, l’ordre de Malte, les petits frères des Pauvres, la Prévention routière, les Restos du cœur, le Secours catholique et le Secours populaire.