Bénévolat et demandeurs d’emploi

France Bénévolat s’est beaucoup mobilisé sur ce thème :

  • d’abord par sa pratique au quotidien puisque le Réseau reçoit environ 22 % de demandeurs d’emploi comme bénévoles potentiels (environ 3 000 personnes par an) ;
  • ce thème a fait l’objet d’une réflexion interne importante en 2006 (avec des Centres pilotes, tels que Lille ou Nantes/Atlantique) ;
  • il a fait l’objet d’une étude plus approfondie entre Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) et France Bénévolat sur 2007 et 2008 (cf. présentation du 11mars 2008, avec étude et résumé)

On peut donc légitimement élaborer une « doctrine d’usage » qui fasse consensus au sein du Réseau et que nous pourrons proposer à nos associations adhérentes ou partenaires.

Nos principes d’action

1) Accueillir les demandeurs d’emplois comme les autres bénévoles, mais avec encore plus d’attention

Nous avons décidé, même dans les Centres importants, de ne pas créer d’accueil spécialisé pour les demandeurs d’emploi. Ce serait en effet les stigmatiser d’entrée de jeu alors que nous devons les considérer comme des bénévoles potentiels comme les autres. La qualité de l’accueil est une valeur forte du Réseau France Bénévolat. C’est encore plus important pour les personnes fragiles et un certain nombre de demandeurs d’emploi peuvent être considérés comme tel, notamment parce qu’ils ont sans doute encore plus besoin d’écoute que d’autres. Donc :

  • prendre le temps qu’il faut, quand c’est nécessaire, parfois plus d’une heure,
  • essayer de savoir quel est leur désir réel de faire du bénévolat, en particulier si la personne a déjà eu des engagements associatifs ou si son désir « de faire quelque chose » est lié à sa situation de demandeur d’emploi,
  • ne pas hésiter à la revoir une seconde fois, si les projets ont besoin de temps pour être clarifié et mûrir.

2) Etre très attentifs aux associations sollicitées et aux missions proposées

Un guide spécifique est proposé aux associations. Les propositions de missions et d’associations doivent être pesées avec soin, en fonction en particulier de la fragilité de la personne. En aucun cas, la mission bénévole ne peut être un échec de plus !

Pour la mission 

  • comme pour bénévole potentiel classique, bien sur s’assurer des critères habituels : intérêt / motivation pour le Projet associatif et le champ concerné et disponibilité,

  • mission en relation avec le projet professionnel ou non,

  • risque d’enfermement dans le bénévolat,

  • mission vraiment utile (surtout pas occupationnelle !)

Pour l’association

  • qualité de l’accueil et de l’intégration,

  • prise en compte, sans paternalisme, de la situation de la personne,

  •  mise en place, si nécessaire, d’un tutorat formalisé, au moins d’un parrainage, (en particulier faire attention au choix du parrain ou du tuteur)

  • engagement de points d’étape,

  • prise en compte du risque de départ rapide pour cause d’embauche (en particulier par l’intégration dans un travail collectif, au moins en duo)

3) Savoir utiliser les structures d’insertion ou d’accompagnement quand l’hypothèse d’une mission bénévole en direct est peu réaliste

Bonne connaissance des réseaux d’appuis aux demandeurs : en préalable (notamment pour les personnes les plus en risque d’exclusion, même si cela n’est pas forcément une obligation) ou en parallèle à une mission bénévole : SNC, Maisons de Chômeurs, AVARAP, associations d’insertion sociale ou par l’économique…

4) Assurer un suivi rigoureux

Globalement, France Bénévolat n’a pas les moyens d’assurer un suivi systématique de toutes les associations partenaires, ni de tous les bénévoles envoyés sur des missions bénévoles. Essayer de le faire au moins à l’égard de ces personnes et de ces missions.

5) Ne pas se laisser instrumentaliser, ni par le Service Public de l’Emploi, ni par les Collectivités Territoriales, ni par les intervenants sociaux, mais développer de vrais partenariats

En aucun cas, le bénévolat ne peut pas être prescrit. Il n’est pas non plus « LA SOLUTION » pour un demandeur d’emploi, mais dans des conditions précises, une contribution positive. A titre d’exemple, il n’est pas acceptable de recevoir un malade déprimé auquel son médecin a dit de faire du bénévolat sans aucun contact préalable avec le Centre France Bénévolat. Par contre, on est dans un partenariat positif quand un référent de l’ANPE, un travailleur social ou un médecin appellent le Centre France Bénévolat sur le registre : « J’ai Monsieur X en face de moi, nous venons de réfléchir ensemble ; nous pensons que ce serait bien qu’il s’engage dans le bénévolat. Je vous demande de le rencontrer. Ensuite on peut discuter à trois sur les pistes que vous pourrez lui proposer… »

6) Inciter les associations à identifier, reconnaître et valoriser l’expérience acquise

Ce sont à ces situations que France Bénévolat a pensé en priorité en créant et en lançant le Passeport Bénévole®. Il convient de s’assurer que les associations les plus ouvertes à l’accueil et à l’intégration de bénévoles demandeurs d’emploi ont bien compris l’objectif et le fonctionnement du dispositif et l’utilisent au moins pour ces populations.

Cette démarche vaut pour toutes les missions bénévoles, même quand elles n’ont pas un objectif « professionnalisant » pour le demandeur d’emploi. Toute mission est qualifiante, même si le bénévole n’a le sentiment de développer ou d’entretenir des compétences. C’est bien à l’association par une posture de reconnaissance et de valorisation, de mettre en valeur la qualité de cette expérience.

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